samedi 25 juin 2011

la pilule bleue comme le ciel

en un mois à peine, un petit losange bleu vif au bord arrondi est devenu un signe aussi reconnaissable et international qu'un sens interdit. Un nouvel Eton du désir. Le dragée bleue doit tous les records. Son clignotement bleuté attire l'oeil sur les pages des magazines du monde entier ou sa photo sert de latrines, de plus, de graphiques ou d'illustration d'un phénomène hors du commun. Attention, sujet brûlant !

Pour les astrophysiciens aussi, le bleu et signe que ça chauffe dans l'espace infini : d'après eux, une étoile rouge et froide, tandis qu'il fait environ 50 000 °C à l'ombre sur une étoile bleue. Avec le Viagra, vos nuits sont plus chaudes que vos vieux jours. Voilà ce que signale la couleur bleue. Le choix du coloris n'est pas dû au hasard. Dans le cas de Viagra, la couleur bleue s'imposait. D'abord parce que c'est la couleur du ciel et que les effets bénéfiques de ce nouveau médicament sont censés vous envoyés directement au septième. Ensuite, parce que c'est la couleur des garçons. On peut imaginer que, si l'on crée un jour une manière de Viagra pour les filles, les pullulent sauront d'un beau rose vif ! Cela dit la couleur d'un médicament n'est jamais innocente : c'est un élément important de la bonne acceptation et du suivi du traitement. Les cachets de couleur bleue sont paraît-il ce que nous appelons le plus volontiers. Nous en faisons voir de toutes les couleurs à ceux qui sont chargés de déterminer nos préférences. À force de se statistiques savantes, ils ont fini par trancher : en tête, le bleu, suivi du rose et du blanc.

En réalité, si la couleur joue bien un rôle sur l'acceptabilité, elle joue également sur l'efficacité du médicament : une partie de l'effet placebo propose sur la couleur, la l'aspect extérieur du produit. Côté face, le comprimé bleu pour graver les six lettres du nom du laboratoire, Pfizer; côté pile, la mention VGR, suivi d'un chiffre qui indique le dosage de la pilule : 25,50 ou 100 mg de sildenafil. Les mauvais esprits très français et les lacaniens irréductibles auront noté que VGR, composé des trois consonnes du nom Viagra, il est aussi l'anagramme de VRG, pour Serge. Sans commentaire. Les chercheurs de non, bestialité suave d'hybridation linguistique, disent avoir contracté pour mieux les réunir, les mots « vigueur » et « Niagara ». Vigueur, parce que le médicament est censé ranimé la flamme disparue de la virilité. Niagara, plus surprenant parce que c'est la destination numéro un des voyages de noces des Américains. Viagra se rappellerait ainsi à leur bon souvenir. Plus dur sera la chute ! Diront encore les mauvais esprits. Si l'on réfléchit, les connotations contenues dans le mot Viagra sont nombreuses, fertile et plutôt contrastée : les racines de « vie » et de « vérité » si entente, mais celle de « Dieu » aussi. Le caractère actif du produit est bien signifié par le mot « via » qui indique en clair un transfert de puissance « via Viagra », en quelque sorte ! En revanche, le suffixe « gras » n'est pas très valorisant : un léger écho des REÉR gras qu'il est bien fait pour susciter un peu partout ? Cela dit, le nom claque fièrement, toute voyelle dehors. Il est sonore et facile à mémoriser. La preuve, il est devenu instantanément un best-seller mondial.

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